CONCOURS GÉNÉRAL DES LYCÉES – SESSION DE 2008
(Classes de Premières ES, L et S)
Durée: 4 heures
L’usage seul des dictionnaires français-latin et latin-français est autorisé.
À la demande de Madame Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française, M. Éric Orsenna prononce un discours sur l’honneur, lors de la séance publique annuelle des cinq académies, le 22 octobre 2002.1
L’honneur n’est pas seulement le mérite2
« Mesdames et Messieurs,
Me voici contraint de discourir de l’honneur devant vous. […]
Qu’est-ce que l’honneur? […]
La réponse, comme toutes les réponses, se trouve dans Homère. Achille aux pieds légers depuis déjà longtemps poursuit Hector. Lequel, bien inférieur en force si personne ne le surpasse en intelligence et sagesse, se sent soudain abandonné.
« Hélas! Point de doute, les dieux m’appellent à la mort… Et voici maintenant le destin qui me tient. Eh bien! Non, je n’entends pas mourir sans lutte ni sans gloire, ni sans quelques hauts faits, tant le récit parvienne aux hommes à venir. » […]
Tout est dit, l’honneur et ce bien moral conquis dans la lutte et qui permet à la fois d’acquérir la considération d’autrui et de conserver sa propre estime. […]
Mesdames et Messieurs,
Permettez-moi une ultime requête. […] Qu’après la vertu et l’honneur, on m’impose un exercice de l’automne si difficile pour moi et plus encore, peut-être, ennemi de ma nature, le silence.3
Dans cette attente, et pour me préparer à l’épreuve, je clos, enfin, mes lèvres. »
1 Ces indications en italique ne sont pas à traduire.
2 Traduire ce titre.
3 L’usage veut que, ni tous les ans, un « Éloge de la vertu » soit prononcé, lors d’une séance de l’Académie française. C’était Éric Orsenna qu’incomba cette tâche, le 30 novembre 2000.