1/ SUJET
Durée : 4 heures – Seul le dictionnaire latin-français est autorisé
Les perles de Cléopâtre
Traduire le texte latin en caractères gras
Maîtresse de César puis d’Antoine, la reine d’Égypte Cléopâtre a fasciné les Romains par sa beauté et son luxe mais aussi par la résistance qu’elle opposa à leur domination. L’anecdote suivante illustre bien ce double caractère, belle et rebelle !
Duo fuere maximi uniones per omne aeuum ; utrumque possedit Cleopatra, Aegypti reginarum nouissima, per manus orientis regum sibi traditos. Haec, cum exquisitis cotidie Antonius saginaretur epulis, superbo simul ac procaci fastu, ut regina meretrix lautitiam eius omnem apparatumque obtrectans, quaerente eo, quid adstrui magnificentiae posset, respondit una se cena centiens HS absumpturam. Comitatur fama unionis eius parem, capta illa tantae quaestionis uictrice regina, dissectum, ut esset in utrisque Veneris auribus Romae in Pantheo dimidia eorum cena. |
Il y a eu deux perles, les plus grosses qu’on ait jamais vues ; elles furent toutes deux la propriété de Cléopâtre, la dernière des reines d’Égypte et les rois de l’orient les lui avaient transmises. Chaque jour Antoine se rassasiait de repas splendides ; elle, avec l’orgueil et le faste dédaigneux d’une courtisane royale, rabaissait toute la somptuosité, tout l’appareil de ces festins. Antoine demanda ce qu’on pourrait ajouter à tant de magnificence : elle répondit qu’en un seul dîner elle avalerait dix millions de sesterces. |
Cupiebat discere Antonius, sed fieri posse non arbitrabatur. Ergo sponsionibus factis postero die quo iudicium agebatur, magnificam alias1 cenam, ne dies periret, sed cotidianam, Antonio apposuit2 inridenti computationemque expostulanti. At illa corollarium id esse et consumpturam3 eam cenam taxationem confirmans solamque se centiens HS4 cenaturam, inferri mensam secundam iussit. Ex praecepto ministri unum tantum uas ante eam posuere aceti, cuius asperitas uisque in tabem margaritas resoluit. Gerebat auribus cum maxime singulare illud et uere unicum naturae opus. Itaque expectante Antonio quidnam esset actura, detractum alterum5 mersit ac liquefactum obsorbuit. Iniecit alteri manum L. Plancus, iudex sponsionis eius, eum quoque parante6 simili modo absumere, uictumque Antonium pronuntiauit omine rato.
Comitatur fama unionis eius parem, capta illa tantae quaestionis uictrice regina, dissectum, ut esset in utrisque Veneris auribus Romae in Pantheo dimidia eorum cena. |
L’autre perle n’a pas une réputation moindre. Après la capture de cette reine, qui avait gagné un aussi grand pari, elle fut sciée en deux ; et de la moitié de leur dîner on fit deux pendants d’oreilles pour la Vénus du Panthéon, à Rome |
PLINE L’ANCIEN
1 alias : traduire par « certes ».
2 apposuit : a pour sujet Cleopatra.
3 consumpturam (ligne 3) et cenaturam (ligne 4) : comprendre consumpturam esse et cenaturam esse.
4 centiens HS : traduire par « dix millions de sesterces ».
5 alterum : traduire par « la première perle ».
6 parante : construire Cleopatra parante.
2/ Copie de Irene Sofia Mauro, 2e accessit 2024
Antoine désirait savoir comment, mais il ne croyait pas que cela fut possible. Donc, une fois les paris faits, le jour suivant, au cours duquel se déroulait le jugement, Cléopâtre servit à Antoine un dîner somptueux, certes, pour ne pas gâcher la journée, mais habituel ; il se moquait et réclamait que l’on calcule le prix de tout cela. Mais celle-ci, assurant que ce n’était qu’un avant-goût, que ce dîner épuiserait la somme convenue et qu’elle dînerait à elle seule de dix millions de sesterces, ordonna que l’on porte à table le second service. Selon l’ordre d’un domestique, on ne posa devant elle qu’une coupe de vinaigre, dont l’âpreté et la force étaient capables de dissoudre des perles en les décomposant. Ce fait singulier portait aux oreilles, à ce moment-là précisément, et c’était la seule œuvre de la nature au printemps.
C’est pourquoi, alors qu’Antoine attendait de voir ce qu’elle allait faire, elle plongea dans le vinaigre la première perle qu’elle avait prise, et une fois dissoute, l’avala. Alors que Cléopâtre le préparait à consommer lui aussi l’autre perle de la même façon, Lucius Plancus, arbitre de son pari, s’empara de la deuxième perle et déclara Antoine vaincu, selon le pronostic qu’il avait fait.